CHAPITRE V
Ava ne réapparut que le lendemain matin dans la villa des hôtes pour y trouver Shô et Jorge en train de dévorer à belles dents un solide petit déjeuner. La rousse Centaurienne se mit incontinent à les imiter avec un appétit qui démontrait qu’elle aussi avait besoin de reprendre des forces.
— Tu sembles un peu fatiguée, remarqua le Terrien. La réception intime a été éprouvante? Évidemment, lorsqu’on a passé toute la nuit à contempler l’ameublement et la décoration d’un chalet, il est bien normal qu’on ait les yeux battus comme tu les as.
— Tu n’as pas regardé les tiens ni ceux de Shô! Je n’ai pas l’impression que vous vous soyez tristement morfondus dans votre solitude ni que mon absence vous a beaucoup pesé. Vous ne vous êtes même pas inquiétés à mon sujet?
— Tout comme nous tu possèdes un communicateur radio intégré dans tes vêtements et nous n'avons capté aucun appel au secours. Rann et son prince consort vont bien?
— Je ne le leur ai pas demandé, ils dormaient encore quand je suis partie.
— Bravo. Tu es bien toujours la victorieuse panthère! Quoiqu'après tout, tes antagonistes n'étaient qu'au nombre de deux ou peut-être même un et demi?
— Ne sois pas ironique, Jorge chéri, Ogounh est réellement un homme à part entière malgré ses bijoux, ses soieries parfumées et son apparence ambiguë d’éphèbe fragile. Incidemment, c'est aussi un physicien remarquablement calé, tu auras avec lui de passionnantes conversations techniques. C'est lui qui a façonné l’oiseau d'osmium. Mais je ne vois pas Wolan?...
— Aucune nouvelle de lui, mais puisque son microtranscepteur demeure silencieux, il ne lui est sûrement rien arrivé de fâcheux. Il nous a quittés hier tout de suite après toi avec la louable intention d’entreprendre une étude ethnologique; c’était un excellent partage du travail puisque tu t’occupais de connaître les mœurs de la caste noble, il était de son devoir de se renseigner sur celles de la population asservie. Mais comme elle est considérablement plus nombreuse, il lui faudra nécessairement plus de temps...
En fait, le Sirien ne remonta le chemin du village que soixante-douze heures plus tard et, contrairement à ce que prévoyaient ses camarades, il ne paraissait nullement amaigri ou émacié à la suite du protocole expérimental auquel il avait certainement dû s’astreindre avec toute sa conscience professionnelle. La horde de louves évoquée par Shô avait su faire preuve d’intelligence, elle avait compris que, malgré son impressionnante masse, la proie qui s’était aventurée dans ses tanières n’aurait pu longtemps la satisfaire si elle n’avait pas été bien nourrie. Il est d’ailleurs caractéristique de Wolan que, dans son récit, il se montra beaucoup plus prolixe quant à la composition des pantagruéliques repas qu’il avait absorbés que sur le reste de son emploi du temps qu’il se borna à qualifier de vraiment très satisfaisant.
— Les arts érotiques sont développés au niveau d’une science. Ça valait la peine de prendre en considération cet aspect du comportement heewigien. Ne croyez pas toutefois que j’ai consenti à participer aux ébats par pur esprit de débauche...
— Consenti?... sourit doucement Shô. Votre seule chance d’y échapper aurait été de vous enfuir à toutes jambes et encore... Elles courent très vite, vous savez.
— Mettons librement accepté. J’étais guidé par une intention plus spirituelle, je voulais jeter les bases d’une expérience qui, je le reconnais, empiète quelque peu sur votre domaine de biologiste, mais ne manque sûrement pas d’intérêt. La raison du déséquilibre local des sexes est due, vous nous l’avez expliqué, à la récessivité du chromosome Y, mais comme j’ai de bonnes raisons de croire que ceux que je fabrique sont entièrement normaux, il sera intéressant de voir au bout du délai prescrit si le pourcentage de naissances masculines n’a pas augmenté dans les maisons où j’ai eu le plaisir d’être reçu.
— C’est un grave manquement à la loi galactique de non-intervention ! s’exclama Jorge. Tu risques de modifier l’évolution d’une race indépendante!
— Dis plutôt, fit la jeune Heewigienne, de stopper une involution qui aboutira tôt ou tard à une extinction de notre peuple ou, par réaction de survivance, à une véritable parthénogénèse et donc à un grave déséquilibre par absence de complémentarité. Sérieusement parlant, je ne sais pas si ça marchera, mais si cela était, j’estime que ce serait une excellente chose pour nous. Et puis, mon amour, puis-je te faire remarquer que les scrupules que tu viens d’exprimer ne t’ont pas empêché de me prendre?
— Ce n’est qu’un cas isolé, répondit dignement Jorge, alors que Wolan, lui, travaille dans la statistique...
Le Terrien n’avait d’ailleurs pas été sincère en parlant de cas isolé car, avant cet intermède du retour de Wolan, il avait eu l’occasion de faire plus ample connaissance avec les coutumes de non-exclusivité régissant la vie sociale de Heewig. Pour commencer, Shô n’avait pas eu trop de peine à lui faire comprendre que ses devoirs de maître de maison lui interdisaient de laisser la jeune Serve commise aux soins du ménage se morfondre triste et solitaire dans sa cuisine; Rann'dji ensuite était venue s'assurer que rien ne manquait à ses hôtes et s’était longuement attardée. Ce soir-là Ogounh n’avait pas paru, le Terrien ne l’avait revu que le lendemain et il avait pris un très réel plaisir à faire plus intimement connaissance avec le Libre Homme. Un plaisir qui, cette fois, n’avait rien de sexuel — la Centaurienne avait très justement noté que le personnage n’était efféminé qu’en apparence — mais intellectuel. En tête à tête et au cours des nombreuses conversations qui suivirent, Jorge découvrit qu’ils avaient l’un et l’autre beaucoup de points communs à commencer par leur formation scientifique. Si Ogounh était le précieux objet des sensuelles attentions de Rann et des Serves de son entourage, il n’en était pas moins le physicien numéro un de Heewig et faisait de surcroît preuve d’une culture générale très étendue. Il y avait aussi en lui un besoin de sincère camaraderie qui ne demandait qu’à se donner libre cours, une visible joie à se trouver en compagnie de son semblable par l’esprit et les connaissances, ils étaient des confrères et ne pouvaient devenir que des amis. Le prince consort guida le Terrien au long d’une visite détaillée des installations techniques d’Eeyo, visite passionnante s’il en fut et qui permit à Jorge de constater que, dans la plupart de ses réalisations, la science indigène n’était guère en retard sur celle de la Fédération. En échange, il emmena Ogounh à bord de l’Erika où Théodore les accueillit par une formule élaborée de salutations émises en langue heewigienne avec un impeccable accent. Si l’autochtone ne put retenir une exclamation stupéfaite, l’astronaute manifesta un comparable étonnement.
— Je vois que tu ne t’es pas endormi dans ton hangar. Comment as-tu fais pour insérer cet idiome dans tes mémoires?
— Il était de mon devoir d’enregistrer vos mouvements pour nos archives et, pour que ce but soit complètement atteint, il était également nécessaire que je comprenne vos conversations. Je les ai soumises au fur et à mesure à mes circuits d’analyse sémantique afin de les décrypter. Il est donc tout naturel que je parle maintenant heewigien.
— Toutes nos conversations? Ne t’est-il pas venu à l’idée qu’à certains moments tu commettais une indiscrétion?
— Vous ne m’aviez pas donné l’ordre de couper mes récepteurs et de m’isoler. Je ne vois donc pas comment le terme d’indiscrétion pourrait s’appliquer au cas présent. Si vous entendez par là certaines phrases de vos comportements physiologiques, je suis prêt à expurger les cristaux en les effaçant mais la synthèse ultérieure en deviendra incomplète et de peu d’utilité.
— Non, tu as eu raison, garde tout. Pour le reste, tout est en ordre à bord?
— Rien à signaler. J’affiche le compte rendu sur l’écran correspondant.
Un rectangle s’illumina sur lequel apparurent plusieurs lignes de caractères typographiés dans la langue terrienne.
— Je m’excuse de ne pas le faire en heewigien, commentait en même temps Théodore, mais je ne connais que le dialecte parlé et non l’écriture puisque je n’avais que les paroles comme élément de base...
Le visage impassible, Jorge déchiffrait rapidement le texte.
« En procédant à l’analyse de la constitution de l’astéroïde, j'ai constaté me teneur en métaux décroissante du centre vers la périphérie, les couches supérieures étant formées de roches métamorphiques relativement perméables pour les ondes électromagnétiques. Il aurait donc été normal que je puisse capter, même sous forme atténuée, des émissions extérieures telle que celles des radiophares ou du quadrillage de navigation. Or, je n’en reçois rigoureusement aucune. Faute de données supplémentaires, je ne puis formuler aucune hypothèse explicative à ce sujet. »
— Le rapport sur la maintenance de l’équipement? interrogea amicalement Ogounh.
— C’est bien cela. Théodore l’avait déjà résumé. Tout va bien. Alors, comment trouves-tu notre vaisseau?
— Merveilleux! Ce qui me frappe d’abord, c’est que ta race a un sens du confort et du cadre aussi poussé que le nôtre, on peut vraiment vivre à l’intérieur de cette coque sans éprouver de claustrophobie tant l’ambiance y est agréable.
— C’était un facteur nécessaire pour la conquête de l’espace, aussi nécessaire que la propulsion elle-même.
— Je le conçois sans peine. Ensuite, ce sont les progrès que vous avez réalisés en matière de miniaturisation : tant de puissance et tant de perfectionnements enfermés dans un volume somme tout si réduit. Ce maître-ordinateur que tu nommes Théodore en est la plus belle preuve, c’est un cerveau surhumain. Mais ce qui me dépasse totalement, c’est ce que tu m’as dit au sujet des possibilités de navigation de ta nef. Sa masse est insignifiante et cependant elle est capable d’emprunter les raccourcis pluridimensionnels.
— Tu connais pourtant les mathématiques de l’hyperespace?
— Certainement. Mais seulement en fonction des théories que nous avons échafaudées et c’est bien pour cela que je me sens terriblement dépassé. Quand nous avons étudié ta Fédération avant d’envoyer Shô établir le premier contact, je me suis bien rendu compte qu’elle possédait des moyens de déplacement fantastiquement rapides et qui ne pouvaient appartenir qu’à cet ordre de technologie supérieure mais en même temps cela bouleversait si profondément mes idées acquises que j’étais profondément dérouté.
— Comment cela se peut-il? Puisque ta science avait déjà abordé ce chapitre, tu n’aurais pas dû être étonné par nos réalisations.
— Nos concepts ne suivaient pas le même chemin et ne conduisaient pas aux mêmes solutions. Tu as vu dans ce hangar nos propres navires que tu dénommes les nefs de bronze, nous n’aurions pas manqué de les doter du déplacement hyperspatial si nous nous n’étions pas heurtés à une impossibilité.
— Laquelle?
— Je te la dirai très bientôt quand arrivera le terme du délai fixé par Rann et qu’elle-même te révélera le reste de ce que tu dois savoir. Demain...
Cette semaine de détente voulue par Rann’dji pour permettre à ses hôtes de s’accoutumer à une civilisation nouvelle et la comprendre se terminait en effet; les trois compagnons en avaient compris la nécessité et s’y étaient pliés avec d’autant plus de bonne volonté que l’hospitalité offerte s’était révélée plus qu’agréable. Mais maintenant ils avaient hâte d’en venir enfin au véritable but de leur voyage et recommençaient à évoquer la redoutable Sandra dont la colère glacée devait s’accroître à chaque heure passée sans recevoir de nouvelles de ses agents. En outre, chez Jorge en particulier, une vague inquiétude montait et s’accentuait née en partie de l’étrange communication faite par Théodore et plus encore par le besoin qu’avait eu celui-ci de la lui transmettre sans qu’Ogounh puisse la comprendre. Quelques paroles échappées à ce dernier au cours de leurs conversations scientifiques revenaient aussi et d’incroyables hypothèses prenaient corps qu’il s’efforçait de repousser.
Enfin ce fut l’heure et, à la fin d’un dernier déjeuner en commun sur la terrasse royale, la belle souveraine le confirma.
— Voici venu le moment où nous allons pouvoir débattre des sujets qui nous ont fait désirer votre venue et de ceux qui ont suscité votre intérêt. Vous avez eu la très grande patience et la politesse de ne pas exprimer les nombreuses questions que vous vous êtes certainement posées — toi surtout, Jorge — les réponses sont là. Mais je veux d’abord vous emmener dans un lieu que vous ne connaissez pas encore : la salle d’observation d’Eeyo. Montre-nous le chemin, Ogounh.
Tous les six, ils traversèrent le chalet pour gagner les couloirs intérieurs et atteindre l’ascenseur qui montait au niveau du hangar des astronefs. A ce palier ils trouvèrent un nouveau couloir divergeant à partir de celui de la salle d’imprégnation sémantique, entrèrent dans une seconde cabine qui les emporta encore plus haut. Enfin ils pénétrèrent dans une grande rotonde baignée de pénombre et dont les parois circulaires et la voûte hémisphérique se découpaient de multiples baies de cristal au travers desquelles scintillaient d’innombrables constellations. Des écrans ou peut-être des fenêtres…
— Des fenêtres, confirma Ogounh. Nous sommes à la surface de l’astéroïde. Ce ne sont pas des images retransmises qui s’inscrivent dans ces cadres mais une vision directe de l’espace qui nous entoure. Regardez dans cette direction.
Le secteur qu’ils purent contempler en s’approchant de la vitre glacée était sans nul doute celui qui correspondait à la partie centrale du système planétaire dans lequel ils orbitaient, deux des astres visibles avaient un diamètre apparent net quoique réduit; l’un intensément lumineux devait être le primaire du système, l’autre, un peu sur la droite, une planète, T IV par conséquent. Tout le reste constituait l’habituel fourmillement d’étoiles de toutes magnitudes et d’immensément lointaines nébuleuses. Ce fut parmi l’une de celles-ci que, avec une brusque contraction du diaphragme, Jorge découvrit la première anomalie. Elle était grande, presque trois degrés d’arc et se présentait sous la forme d’une ellipse très aplatie avec un noyau plus renflé que le reste et plus lumineux. Une nébuleuse qu’il n’avait jamais vue, même sur la carte... En même temps, Ava réalisait la deuxième anomalie et poussait une exclamation.
— Mais ce n’est pas le soleil de T IV ! Celui-ci est plus bleu !
Pendant une seconde, les yeux de Jorge se brouillèrent, les configurations astrales parurent tournoyer dans l’insondable profondeur abyssale. Il se raidit, se tourna vers Rann et Ogounh qui l’observaient attentivement.
— C’est un autre luminaire, en effet, énonça-t-il d’une voix qui s’affermissait rapidement. Une étoile F 9 ou G 1 en première approximation. Je note également que la planète que nous apercevons doit se trouver nettement plus près de la ceinture d’astéroïdes que ne l’était T IV puisqu’elle présente un minuscule diamètre apparent. En outre ce ciel m’est complètement étranger, je n’ai jamais vu ces constellations et en particulier cette espèce de double couronne qui se dessine là-bas sur notre droite — elle est suffisamment caractéristique pour qu’on ne puisse l’oublier.
— Qu’en déduis-tu? murmura la reine avec une expression de tension presque angoissée.
— Tu m’affirmes que ces fenêtres sont bien des simples fenêtres et que les images que nous voyons au travers d’elles sont réelles et non des projections artificielles comme le diorama du lac?
— Je te le jure.
— Alors, depuis le moment où nous sommes entrés dans le tunnel la semaine dernière, nous avons été transportés ailleurs et très loin. Cela n’a pu se passer pendant que nous étions inconscients sous les électrodes d’imprégnation sémantique. Nous ne pouvons déterminer par nous-mêmes combien de temps a duré en réalité cette anesthésie mais comme notre vaisseau est toujours là immobile près de nous et que Théodore n’a pas pu être mis en hypnose, il n’y a qu’une seule conclusion. Eeyo est une nef spatiale ou plutôt hyperspatiale d’un volume démesuré et c’est elle qui s’est déplacée pendant la durée de ce délai que tu nous as présenté comme une période d’accoutumance. J’ignore où nous sommes mais c’est certainement dans une tout autre partie de la Galaxie.
— Un vaisseau de plusieurs centaines de milliards de tonnes! se récria Wolan en fronçant ses épais sourcils. C’est de la démence!
— C’est dans le pur domaine du fantastique, d’accord. Aurais-tu une meilleure hypothèse à suggérer?
— Jorge ne se trompe pas, répondit à son tour Ogounh avec une paisible assurance. Eeyo est bien un engin capable de se transporter d’un point à un autre. Notre ami commet seulement une légère erreur quant à l’évaluation du trajet parcouru. Ce n’est plus dans votre galaxie que nous avons émergé, c’est dans la nôtre. La vôtre, vous la voyez là-bas, ce mince fuseau, elle se présente par rapport à nous sur sa tranche, alors que celle qui nous entoure présentement se dessine dans votre ciel sous un angle de près de six degrés : une grande ellipse lumineuse entourée de ses bras spiraux. Ses dimensions atteignent le double de votre univers, cent quatre-vingt mille années-lumière de diamètre, vous ne pouvez pas ne pas avoir fixé son image sur vos cartes célestes.
— Avant même l’invention du télescope... émit Jorge d’une voix oppressée. C 31 ou plutôt NGC 224 sur le Catalogue de Dreyer. Nous lui avons donné un nom tiré de notre mythologie terrienne, celui de la fille de Cassiopée, une femme de très grande beauté qu’un certain Persée délivra d’un épouvantable monstre marin qui voulait la dévorer. Andromède...
— La... la nébuleuse d’Andromède? bégaya Ava. Mais c’est impossible... Complètement impossible! Elle se trouve de l’autre côté de l’océan intergalactique, à plus de deux millions d’années-lumière! C’est une distance infranchissable!
— Pourquoi? interrogea doucement Ogounh.
— Parce qu’un pareil déplacement exigerait une somme d’énergie incommensurable et qu’aucun générateur ne serait capable de produire! Parce qu’en plus un générateur n’est qu’un transformateur captant le potentiel galactique et que ce potentiel tombe à zéro dès qu’on dépasse les limites du halo galactique, la propulsion devenant nulle les neuf dixièmes du trajet devraient être accomplis en inertie et il y faudrait des siècles! Prétendre donc qu’en une seule semaine de temps relatif, de temps-vaisseau si vous préférez, nous ayons pu atteindre Andromède est une absurdité!
Shô posa une main apaisante sur le bras de la Centaurienne.
— Tu te refuses à nous croire parce que les faits sont contraires aux théories qu’on t’a enseignées, chérie, mais je suis sûre que si Ogounh développait les siennes en présence d’un cerveau par définition exempt de préjugés, celui de Théodore, la science de ton monde et celle du mien se rejoindraient en faisant chacune un pas en avant.
— Voilà une excellente idée! approuva chaudement Rann’dji. Allons tous ensemble dans votre Erika. De toute façon ce sera lui qui nous fera franchir la toute dernière étape si vous le voulez bien...